J’ai convaincu Jean-Georges d’organiser une fête chez lui pour son anniversaire. Comme cela l’épuisait, c’est moi qui ai téléphoné à tout le monde en prétendant que c’était une surprise.
Anne m’a rendu visite à l’heure du déjeuner. Elle hoquetait, j’ai cru qu’elle était ivre. Elle m’est tombée dans les bras. Son père venait de mourir. Elle a pleuré tout l’après-midi. Je la forçai à boire de l’eau et posai ma main sur son front brûlant. C’est bête mais rien ne me rend plus amoureux qu’une femme qui pleure. Je peux regarder des civilisations disparaître, des villes flamber ou des planètes exploser sans réagir. Mais montrez-moi une larme sur la joue d’une femme et vous ferez de moi ce que vous voudrez. C’est mon côté hébéphrénique. (Vous pouvez vérifier le sens de ce mot dans le dictionnaire.)
Anne est quand même venue chez Jean-Georges se changer les idées. J’en fus ravi, même si je redoutais sa rencontre avec Victoire. Comme d’habitude, j’ai trouvé une échappatoire. C’est un de mes multiples talents. Je suis le spécialiste des poudres : poudre d’escampette, poudre aux yeux, etc.
À quoi reconnaît-on ses vrais amis ? À ce qu’ils vous appellent par votre nom de famille. Chez Jean-Georges, ils seront tous là. Il y aura du Marronnier dans l’air. J’aime notre bande : comme dans tous les groupes de copains, nous n’avons aucune raison de nous voir. Juste la déraison.